Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

Réactions à la 1ère Conférence « Loue et Rivières Comtoises » organisée le 5 juillet 2013 à Quingey par la Préfecture et le Conseil Général du Doubs.

publié le12 juillet 2013

Dans un communiqué commun du 10 juillet 2013, la Commission de Protection des Eaux (CPEPESC) et le Collectif SOS Loue et Rivières Comtoises ont tenu à réagir.

« Si nos 2 organisations soutiennent la volonté affichée d’améliorer l’état des rivières comtoises et certains projets annoncés, elles ne peuvent que regretter que la plupart des solutions actuellement proposées, utiles dans leur domaine, ne soient que trop souvent la continuité de ce qui a été entrepris depuis plus de 15 ans avec le succès que l’on connaît. Ces mesures sont sans doute insuffisantes voire inadaptées et le Collectif SOS Loue et rivières Comtoises comme la CPEPESC réclament une approche différente des problèmes rencontrés par nos rivières ».

Pollution des rivières comtoises :
A situation nouvelle, solutions anciennes?

Pour cette 1ère conférence « Loue et Rivières Comtoises » les bonnes intentions d’un certain nombre d’acteurs, locaux notamment, étaient au rendez-vous. On a même pu assister aussi à une prise de conscience officielle par les services de l’Etat d’un certain nombre de carences dans l’application du droit de l’environnement! Mais rapidement on se rend compte que la voie du changement n’est pas franchement en marche pour sauver les rivières comtoises.

Car que dire des propositions concrètes annoncées?

Soyons clairs, il ne s’agit quasi-essentiellement que d’achever les projets mis en place depuis de nombreuses années. Ceux-là mêmes qui ont accompagnés la rivière Loue et consœurs dans leur déclin. Non pas que ces projets en soient responsables, non pas qu’ils soient inutiles, non pas qu’il s’agisse de dénigrer le travail effectué, mais ces projets ont montré leur insuffisance voire leur inadaptation face à l’ampleur des problèmes. Les pollutions actuelles le montrent.

– Que penser des mises aux normes agricoles alors même que les exploitations se sont regroupées et ont intensifiées leurs pratiques et surtout que la production laitière a augmenté de près de 30% en 20 ans (avec comme conséquences l’augmentation des effluents d’élevages apportant toujours plus d’azote et phosphore, des fertilisants trop souvent massivement utilisés, le développement d’élevages bovins en mode lisier sur caillebotis tournant le dos aux étables sur litière)?

– Que penser du futur raccordement total des habitants du bassin versant à des stations d’épuration (STEP) qui laissent filer dans la nature azote et phosphore, polluants et autres molécules en quantité d’autant plus importante que la population a largement augmenté sur les plateaux et dont certaines dysfonctionnent dans la discrétion sous couvert d’une autosurveillance trompeuse?

– Que penser de la lutte contre les micropolluants (de type pesticides par exemple) alors même que leur vente est libre et leur utilisation domestique, collective et professionnelle se fait à grande échelle?

– Que penser de règles qui ne sont appliquées que par les bonnes volontés faute de surveillance, de moyens coercitifs et d’une volonté rigoureuse et dissuasive de les faire respecter ?

Prendre en compte ces problèmes n’est pas stigmatiser mais leur analyse est indispensable pour trouver les solutions adéquates à nos bassins versant.

Un changement radical de comportement et des solutions nouvelles et rigoureuses doivent voir le jour. Dans ce sens le travail du futur groupe scientifique semble intéressant car il regroupe des compétences diverses, locales mais aussi extérieures, et peut apporter un autre regard sur ces problématiques. En attendant il existe suffisamment de données permettant une mise en place rapide de certains projets. Le changement c’est maintenant!?

Il faut agir vite et dès maintenant, certes en continuant les programmes engagés, mais surtout en engageant certains processus à même de modifier la donne sur nos rivières:

• Engager le processus d’une baisse ou du moins une stabilisation de la production laitière en s’appuyant sur les AOP (appellations d’origine protégée), les ressources AEP en eau, les zones Natura 2000, les réservoirs biologiques, les espèces protégées menacées… qui peuvent justifier une spécificité des plateaux karstiques défendable devant l’Europe à l’heure des dérégulations et valorisable à l’échelon local.

• Améliorer d’emblée les performances des STEPs des agglomérations les plus importante du bassin versant dont notamment Pontarlier, Ornans, Levier et Valdahon en exigeant une diminution drastique par des équipements spécifiques de la charge en nutriments et micro-polluants de leur rejets actuels grâce par exemple au développement d’une épuration tertiaire (traitement en aval des STEPs permettant de diminuer la charge en nutriments et micropolluants résiduels) Optimisation et surveillance de la gestion des déversoirs d’orages (Il pleut 1 jour sur 3 dans le Haut-Doubs) et remplacement progressif de réseau de collecte d’eaux usées en unitaire par des collectes en séparatifs.

• En matière de polluants toxiques, l’interdiction des traitements des stocks de bois abattus en forêt devrait être prise par le préfet, tout comme l’éloignement des cours d’eau des zones de stockage des bois chimiquement traités des scieries. L’interdiction des pesticides par les collectivités et les administrations devrait voir le jour.

• Mettre en place des stations de mesure en continu des polluants pour évaluer les résultats des politiques mises en place et affiner la connaîssance des flux de polluants. C’est le serpent de mer depuis 3 ans, toujours réclamé par nombre de scientifiques et associatifs, jamais mis en place par les décideurs…

On était vendredi assez loin de pouvoir transformer l’essai des Assises de la Loue. Espérons que la capacité d’écoute de certains responsables permettra d’aller plus loin que les seuls projets annoncés.