Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

Quels résultats ?

publié le23 juillet 2007

Aujourd’hui, en 2007, près de 20 000 chiroptères francs-comtois sont préservés en période hivernale dans les sites et près de 6 000 en période estivale pour 20 espèces présentes sur les 27 confirmées en Franche-Comté.
Sur l’ensemble des sites, la moyenne d’augmentation des populations hivernales dans les sites est de l’ordre de 350 % (l’effectif a été généralement multiplié par 3,5 depuis 10 ans). Sur l’ensemble des sites, seuls 6, répartis majoritairement sur les anciennes mines des Vosges Saônoises, n’ont pas vu leurs effectifs augmentés depuis 1988. En Europe et aux Etats-Unis, les sites d’hibernation protégés et équipés de grilles ont vu leurs effectifs de chauves-souris augmenté de 15 à 200 % en quelques années.

Pour les sites estivaux, la moyenne est encore plus importante avec près de 500 % d’augmentation issue notamment du retour d’une colonie de 2 500 Minioptère de Schreibers, espèce cavernicole, à la Grotte du Carrousel depuis 1997 (absente depuis 1957, année de sa dernière observation).

Depuis 1992, un suivi régulier des populations est effectué par les membres de la CPEPESC Franche-Comté dans les sites protégés. Ce suivi mensuel ou annuel des sites protégés permet de connaître tout d’abord les effectifs de chiroptères en hiver ou en été mais aussi d’éventuels passages transitoires de colonies importantes notamment pour le Minioptère de Schreibers, espèce cavernicole, qui fréquente une vingtaine de sites régulièrement en Franche-Comté.

En effet, si la Grotte de la Baume Noire (Haute-Saône) accueille près de 90% des effectifs hivernaux (12 % des effectifs nationaux), au printemps, les minioptères quittent la cavité pour rejoindre progressivement leurs sites de mise bas (grotte du Carroussel en Haute-Saône, mais aussi 1 site dans le Doubs et 4 sites dans le Jura).

Entre le mois de mars et le mois de mai (et aussi entre le mois de septembre et de novembre), cette espèce utilise des sites de transit en Haute-Saône : la Grotte de la Baume, la Grotte de l’Eglise de Combe l’Epine (Calmoutier) et la Grotte de Beaumotte (Beaumotte les Pin – en cours de protection). Ce réseau de sites majeurs pour cette espèce a été proposée au futur réseau Natura 2000 (Directive Habitats Faune-Flore).

L’exemple de la Grotte-Mine des Equevillons : un site d’hibernation.

Cette cavité abritait en 1984 une population hibernante de 150 Grands rhinolophes. A la suite d’une fréquentation en augmentation, difficilement mesurable mais constatée sur le terrain avec déchets, informations d’habitants proches de la grotte, observations visuelles de groupe à l’intérieur de la cavité même en période hivernale, dégradation du site par des casses de stalactites et massacres de chauves-souris, les populations ont baissé jusqu’à moins de 25 ind. en 1989.

A la suite de la mise en place de l’Arrêté de Protection de Biotope (graphique 1 – flèche 1) et de la pose de grilles (flèche 2 – suite à des nouveaux massacres et dégradations dans le site), la grotte accueille aujourd’hui près de 300 chauves-souris dont 172 Grands rhinolophes.
Dans ce site dont la fréquentation est maîtrisée, chaque année, le suivi de populations est réalisé par 4 visites hivernales.

Si la technique d’une grille adaptée aux chiroptères convient parfaitement pour les sites hivernaux, pour des sites estivaux ou pour des sites concernant le Minioptère de Schreibers, la préservation doit être envisagée prudemment.

En effet, une étude menée par Pascal MOESCHLER du Muséum d’Histoire Naturelle de Genève sur la grotte du Carroussel (Haute-Saône) a démontré que la pose d’une «grille expérimentale» à barreaux horizontaux entraînait le départ d’une colonie de 1 800 individus en moins d’une semaine. Après 2 années entières d’étude, aucune colonie ne s’était réinstallée et seulement quelques petites colonies (au max. 100 ind.) ont été observées. La préservation de ces sites doit donc s’envisager avec des périmètres grillagés ou des obstacles naturels ou symboliques (puits, ennoyage des entrées, barrière en bois).
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