Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

Projet de porcherie de Loray (25) : menace pour le Dessoubre. Observations de la CPEPESC en mars 2004 à l’enquête publique

publié le13 novembre 2005

OBSERVATIONS DE LA CPEPESC
déposées en mars 2004 à l’enquête publique
relative au projet de porcherie présenté par la Société Coopérative de Fromagerie « Fruitière à comté de la Reverotte à LORAY

Ce énième projet de construction d’une porcherie industrielle sur le territoire de de LORAY s’appuie, comme les autres, sur la valorisation du lactosérum. En filigrane s’inscrit en. fait le développement de la filière porcine (+ de 8000 Porcs à produire dans la région) en vue de l’obtention de la certification de l’I.G.P; mais au-delà, et semble t- il, se profile la pérennisation des activités des abattoirs de la CHEVILLOTTE à Valdahon.

Ce projet de construction et d’extension de porcheries disséminées un peu partout sur la région sont mal compris de l’opinion publique vu l’opacité de ceux-ci.

Pourquoi ne pas avoir défini dès le départ, dans le cadre d’un projet global, les véritables enjeux économiques liés à ces projets, ce, en concertation avec toutes les parties prenantes. De tels projets mériteraient d’être présentés, expliqués clairement et publiquement pour prévenir, peut-être, toute incompréhension !

Toutefois l’idée de valoriser le petit lait dans l’alimentation des porcs peut paraître logique dans le contexte actuel où la course au profit et à la rentabilité prévalent malheureusement sur la démarche de développement durable.

Par contre le mode d’élevage envisagé, sur caillebotis avec une production annuelle d’effluents de plus de 2700m3, est très contestable.

En effet la nature karstique des sols, très peu profonds, avec des calcaires qui affleurent sur tout le plateau, aux pouvoirs épurateurs très limités, les rendent extrêmement vulnérables aux pollutions par épandages de lisier. Ce mode d’élevage, s’il est retenu, sonne le glas pour le DESSOUBRE dont la qualité des eaux est déjà très préoccupante, selon les études et prélèvements réalisés ces dernières années dans le cadre du suivi de la qualité des eaux.

Le plan d’épandage situé en tête du bassin versant du Dessoubre et de la Reverotte ne pourra qu’accroître la charge organique polluante sur un secteur déjà très » encombré ». Il existe plusieurs porcheries sur le bassin versant du Dessoubre : Pierrefontaine-les-Varans. Orchamps-Vennes, Les Fins, Fournet-Luisans, Flangebouche (étendue à 1572 équivalents animaux) ainsi q’un nouveau projet soumis à enquête publique sur Avoudrey.

Le plan d’épandage prévu sur 294,92 ha sur des terrains mis à disposition par des tiers concerne les communes de Loray, Flangebouche, La Sommette, Domprel, Pierrefontaine-les-Varans, fixe le minimum imposé par les normes en la matière.

Son application stricte sur les parcelles retenues, en l’absence de réels contrôles, peut laisser perplexe. De plus il est difficile d’apprécier d’éventuelles non superpositions avec d’autres plans d’épandage sur les mêmes parcelles.

Outre les risques de pollutions des aquifères et des cours d’eau la CPE dénonce les conditions inacceptables d’élevage sur caillebotis qui dénotent un manque de respect pour la condition animale. Sur ce point l’Union européenne vient d’adopter des mesures en faveur du bien-être animal, il est du devoir des autorités françaises de les mettre en œuvre.

A l’opposé l’élevage sur paille ou sur litière présente de multiples avantages, tout en préservant les performances économiques, il contribue au respect de l’environnement et tend vers la recherche d’un produit de bien meilleure qualité. Il réduit de façon significative la pollution des eaux, de l’air et limite les odeurs induites.

Cette méthode devrait séduire la société coopérative de fromagerie Fruitière à Comté de la REVEROTTE, porteur du projet. qui devrait s’en inspirer si e1le est en recherche d’excellence.

Pour l’ensemble des raisons ci-dessus évoquées, en considération des risques d’atteintes à la qualité des eaux et en regard des conditions inacceptables d’élevage industriel qui sont proposées, la Commission de Protection des Eaux émet un AVIS TRES DEFAVORABLE à ce nouveau projet, situé en tête de bassin versant du Dessoubre.