Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

PCB : Une pollution au long cours. Un rapport à l’Assemblée Nationale. On a même trouvé le coupable !!

publié le27 juin 2008

Un long rapport d’information sur le sujet a été déposé le 25 juin 2008 sur le bureau de l’Assemblée Nationale par la commission des affaires économiques, de l’environnement et du territoire sur le Rhône et les PCB : une pollution au long cours
. Son rapporteur est Monsieur Philippe MEUNIER, député UMP du Rhône.

Quelques remarques sur ce rapport

Le rapport ne manque pas d’aborder à juste titre le rôle des sédiments qui gardent la trace des pollutions passées rémanentes et sont susceptibles d’être colonisés par des organismes qui servent de base à l’alimentation de certains poissons et constituent donc une voie d’entrée des polluants dans la chaîne alimentaire. Sur le Rhône « On ne peut exclure une réactivation récente de la pollution résultant d’une mobilisation des sédiments lors d’épisodes de crues qui ont eu un effet de chasse des sédiments…, de travaux de draguage, qui ont eu pour conséquence de remettre en suspension des particules – ce qui a entraîné leur transfert vers l’aval…. Et que penser des conséquences des vidanges de barrage ? »

Mais le texte s’émousse vite sur « Les questions encore sans réponse »

S’il souligne en premier lieu, à juste titre : « il est permis de s’interroger sur l’impact de cette pollution sur les milieux aquatiques et les écosystèmes, et au premier chef, les animaux qui s’en nourrissent (oiseaux, rongeurs,… etc.). On ne dispose pas, à l’heure actuelle, d’élément scientifique sur les conséquences à long terme de cette pollution sur la biodiversité…. »

ensuite comment a-t-on pu oser écrire : « L’administration s’est quelque peu laissée surprendre » par les PCB du Rhône ?

-> « Eu égard au précédent épisode de pollution des années 1980, force est de constater que l’administration s’est quelque peu laissée surprendre par la crise survenue à compter de 2005. Sans pour autant demeurer passifs, les pouvoirs publics n’ont pas su mettre rapidement en œuvre la coordination des services requise par l’ampleur et le caractère multiforme de cette pollution. Cette apparente inertie a été à l’origine d’une certaine dramatisation exploitée par les associations et les médias ».

Un bel euphémisme qui permet de ne pas demander des comptes ou une enquête !

On appréciera par ailleurs la dernière ligne, pour un peu, la pollution par le PCB, ce serait la faute « des associations et des médias »!

Mais le rapport a trouvé un coupable. La faute incombe selon lui à « une organisation administrative inadaptée » !

Et pourtant on peut y il lire : « Et que penser, lors de la première alerte il y a vingt ans, de la simple information des pêcheurs professionnels du caractère non comestible des poissons ? L’INRA a souligné à ce propos, dans une étude consacrée aux difficultés de l’évaluation des risques liés à une pollution chronique du milieu aquatique par les PCB, que les pêcheurs amateurs n’avaient même pas fait l’objet d’une information spécifique… Il est difficile de s’expliquer les raisons pour lesquelles l’arrêté préfectoral d’interdiction de consommation proposé par la direction départementale des services vétérinaires du Rhône n’avait pas été édicté ».

Il est certain qu’on n’est pas près d’en savoir plus, avec si peu de fermeté ! C’est pourtant c’est bien là que se trouve l’un des nœuds du problème !

Quant aux propositions listées, rien de nouveau.

Le rapport oublie qu’il serait temps de mettre fin aux méthodes cachotières des préfectures, et surtout de créer une vraie police d’investigations de l’environnement industriel, efficace et réactive. Il y a urgence à sortir de l’ornière, d’autant que d’autres situations similaires, avec d’autres molécules, vont surement émerger… et dont les conséquences seront peut être beaucoup plus dramatiques.

La dernière ligne du rapport précise que « l’élimination des PCB relève d’une filière très réglementée, très contrôlée par l’inspection des installations classées et les DRIRE notamment. Les personnels travaillant dans les entreprises concernées bénéficient de protections de haut niveau, comparables à celles en vigueur dans l’industrie nucléaire », ce n’est guère rassurant!

Lien pour lire ce rapport : [http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i0998.asp

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Principal autre article sur le sujet :Le Rhône et ses poissons pollués au pyralène jusqu’à la mer ! Consommation interdite !