Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

La destruction des renards est une aberration. Elle favorise la prolifération des tiques et de la maladie de Lyme, mais aussi de l’échinococcose alvéolaire

publié le11 février 2018

La chasse aux renards responsable de l’augmentation de la maladie de Lyme

Selon une étude publiée en 2017 par The Royal Society, la présence de renards (comme de fouines) constituent un rempart efficace contre la prolifération grandissante de tiques en forêt. Ces tiques qui piquent promeneurs et usagers des milieux naturels sont potentiellement vectrices de la maladie de Lyme (bactérie Borrelia) responsable de plus en plus de victimes.

Des chercheurs néerlandais ont travaillé sur une vingtaine de parcelles forestières et ont constaté que plus les renards étaient présents sur un territoire, moins on rencontrait de tiques. Les renards (de même les fouines) sont en effet grands consommateurs de mulots, campagnols, musaraignes, souris, sur lesquelles se fixent les larves de tiques. Ces rongeurs sont eux-mêmes porteurs de maladies qu’ils transmettent aux tiques devenues alors dangereuses pour d’autres mammifères dont l’homme.

On estime qu’en France chaque année plus de 600 000 renards sont tués en toute légalité par l’activité cynégétique et de piégeage ! En même temps 27 000 nouveaux cas de maladie de Lyme, parfois invalidants ou mortels, sont recensés !

Un renard consomme de 6 000 à 10 000 rongeurs par an… Cherchez qui est nuisible !

Lien vers l’étude : Cascading effects of predator activity on tick-borne disease risk (Effets en cascade de l’activité des prédateurs sur le risque de maladie transmise par les tiques)

Le ministère de la santé a publié en 2016, le plan national de lutte contre la maladie de Lyme et les maladies transmissibles par les tiques…
Il serait temps que les pouvoirs publics intègrent ces nouveaux enseignements…

La chasse aux renards responsable de l’augmentation de l’échinococcose alvéolaire

A l’automne 2017, des scientifiques de l’ANSES, de l’ELIZ, de l’Université de Bourgogne Franche-Comté et de l’Institut Universitaire de France ont cosigné un article dont le titre est sans équivoque : « La gestion de Echinococcus multilocularis par l’élimination des renards : un paradigme inapproprié ».

Selon cet article la destruction des renards, en plus d’être inefficace, augmente le taux de prévalence du parasite responsable de l’échinococcose alvéolaire. Les auteurs évoquent également les coûts élevés, les conséquences écologiques et les considérations éthiques d’une telle gestion. Ils préconisent des méthodes alternatives de lutte contre cette maladie telles que le déparasitage des hôtes sauvages ou errants au moyen d’appâts contenant des anthelminthiques (vermifuge).

Lien vers cette publication : Echinococcus multilocularis management by fox culling : An inappropriate paradigm