Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l'Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche Comté

DESSOUBRE : Il était une fois une source de lisier à PIERREFONTAINE-LES-VARANS (25)

publié le17 juillet 2007
La fosse de la porcherie pleine plus qu’à ras bord..

16 juillet 2007, lors d’une sortie de terrain, l’association constate que la gigantesque fosse à lisier de la porcherie industrielle de Pierrefontaine-les-Varans est pleine à ras bord et commence même à déborder légèrement…. Au diable le respect d’une marge de sécurité !

Repassant au même endroit quelque heures plus tard, elle s’aperçoit que le pompage du lisier par une tonne d’épandage est en cours. Il était temps. Il ne sera hélas pas possible de savoir sur quels terrains agricoles ce lisier a été épandu. Pourtant, cela aurait certainement été très intéressant par cette journée assez pluvieuse, suivant d’autres qui ne l’étaient pas moins !! Pourtant il y eu précédemment une longue période sèche…

Décidément rien ne changera-t-il au pays du cochon ? Il faut dire que tout semble fait pour encourager le laxisme pollueur….

Ce fait anodin mais révélateur donne motif à rappeler un contentieux encore frais concernant cette porcherie qui aura peut-être bientôt une sœur jumelle sur la commune voisine de LAVIRON.

Un source de Lisier dans une zone humide !

A Pierrefontaine-les-Varans (25), commune surplombant la vallée du Dessoubre, il existe une porcherie industrielle située au bord d’une zone humide dont les ruissellements s’écoulent dans un léger entonnoir pour rejoindre les sources de la vallée du Dessoubre toute proche.

Un soir de mai 2006, un écoulement déversant un jus brunâtre à forte odeur de lisier de cochon est découvert dans la zone humide !

Un responsable de l’association emmène sur place le 12 mai 2006 trois gardes du Conseil Supérieur de la Pêche pour constater la situation. A la mairie, le maire de la commune fait connaître qu’il est également le patron de la porcherie, en tant que président de la SICA Porcs, exploitant cette installation. Il est également Président de la Coopérative de Fromagerie. Il explique que selon lui le gel de cet hiver a entraîné la rupture d’une canalisation transportant du lisier vers la fosse de stockage. Et que ce lisier a rejoint une conduite enterrée dédiée aux eaux pluviales des toitures aboutit dans la zone humide…

La police de l’eau fera remarquer qu’il y avait pour le moins devoir de prévenir immédiatement les services de cet incident au lieu que l’affaire soit découverte beaucoup plus tard au milieu du mois de mai suivant !

La CPEPESC a d’ailleurs interrogé l’inspection des installations classées agricoles, la DSV, qui précisera le 22 mai que « la SICA Porcs de Pierrefontaine-les-Varans n’a déclaré à ses services aucun incident relatif à une rupture de canalisation. … ».

Le 23 mai, clin d’œil de l’actualité journalistique. Un article parait dans l’EST REPUBLICAIN, intitulé « Une « profession responsable » : La chambre d’agriculture condamne les pollutions d’origine agricole ».

Mauvais écho le 25 mai, autre article et autre son de cloche après la visite sur place d’un journaliste du même journal sur le terrain, il titre « Du lisier de porc dans une zone humide : un tuyau de la porcherie de Pierrefontaine-les-Varans aurait été cassé par le gel… il y a plusieurs mois ».

Extraits : « Une grande quantité de lisier provenant de la porcherie Sicaporc de Pierrefontaine-les-Varans a pollué la zone humide située à un jet de pierres en aval de ses installations. Classée ZNIEFF par les scientifiques, elle est située dans le périmètre Natura 2000.

La pollution est très visible et odoriférante. Elle se révèle au niveau d’un tuyau enterré en provenance de la fosse d’une trentaine de mètres de diamètre, s’étale avant de rejoindre un drain et de se perdre 200 mètres plus loin dans une faille.

Elle remonterait à cet hiver. Va-t-elle rejoindre la Rêverotte ou le Dessoubre qui sont à environ 3 km au sud, en aval ? Elle est en tout cas dans le bassin versant de la rivière.

Cette pollution a été découverte par la Commission de Protection des Eaux (CPEPESC) qui a décidé de porter plainte. Les récentes trouvailles de dolines servant de dépotoir ou de fosse à lisier l’ont conduit à systématiser ses recherches. Elle envisage même d’établir une cartographie des rejets ».

L’association a porté plainte contre X auprès du Procureur de la République.

Mais par la suite l’association a appris auprès du Parquet que l’affaire avait été classée sans suite après « régularisation » !!! c’est à dire après réparation du tuyau

Ainsi le lisier de cochons s’est écoulé dans la perte pendant plusieurs mois avant que l’intervention de la CPEPESC n’oblige les exploitants à intervenir…

Sans cette intervention, il est probablement que le bon jus putride s’écoulerait encore, après son infiltration dans le karst, dans le Dessoubre. En fait n’était-ce pas un moyen bien pratique pour évacuer discrètement le lisier en trop ? Ainsi, ce n’est peut être pas surprenant que maintenant la fosse soit parfois pleine à ras bord et même déborde !

De mauvaises langues prétendraient même que la porcherie avait trouver un bon tuyau pour éliminer son lisier !

Est-ce les même qui proposent de changer le nom de la commune en Pierrefontaine-les-Verrats en raison de la multiplication des usines à cochons sur le secteur ?

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PS : Les traditions ont la vie dure. Il n’est pas impossible que dans un avenir proche nous racontions ici les difficultés rencontrées par les autorités – il y a plus d’un quart de siècle – pour que la commune de Pierrefontaine-les-Varans se décide enfin à construire une station d’épuration…

Traditionnellement les eaux sales étaient déversées dans les puits perdus qui rejoignaient la source du ruisseau de Pierrefontaine puis la Reverotte puis le Dessoubre…. Cette source fameuse (et pittoresque) de Sous-Velle était captée pour distribuer l’eau du robinet….et les épidémies successives périodiques de gastroentérites…. ! Traditions. Traditions!